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Master études médiévales

Etudes médiévales : enseignements 2012-2013

MàJ : 08/09/2015

Ecole des hautes études en sciences sociales

Master en sciences sociales - mention histoire
Parcours de spécialisation : études médiévales

 

Liste, programme et calendrier des enseignements

N.B. On trouvera des renseignements plus complets, au nom de chaque enseignant, sur la page : http://www.ehess.fr/fr/enseignement/enseignements/2012/

 

Séminaires principaux

 

Danièle Alexandre-Bidon, Perrine Mane, Mickaël Wilmart, Recherches croisées sur la civilisation matérielle médiévale : vignes, raisins et vins dans l’Occident médiéval.
Le vin, la vigne et la viticulture seront au centre de la thématique de ce séminaire qui est le prolongement des deux précédentes années. En 2013, des perspectives seront ouvertes sur le vocabulaire du vin, la place de celui-ci dans la littérature, mais aussi sur les boissons fermentées issues d’autres fruits que le raisin (vin de dattes, de mûres). Des études plus ponctuelles mettront en valeur les spécificités des vignobles de certaines régions (Île-de-France, Lyonnais ou Bordelais). Les données procurées par les textes normatifs, les archives et l’iconographie seront complétées par celles fournies par l’archéologie.
Deuxièmes et quatrièmes jeudis du mois, de 17h à 19h (salle 9, 105 boulevard Raspail, 75006 Paris), du 22 novembre 2012 au 23 mai 2013.

 

Mathieu Arnoux, Entreprises, régions de production et marchés en Europe (XIIIe-XVIe siècles).
Comme les années précédentes, plusieurs séances seront consacrées à l'étude des liens entre structures de production et marchés, avec un intérêt particulier pour l'Europe du Nord-Ouest, envisagée dans ses relations avec les régions méditerranéennes. Plusieurs séances seront consacrées à la présentation de sources d'entreprise italiennes, en particulier celles conservées dans les archives Salviati de l'École normale supérieure de Pise.
Deuxième et quatrième mercredis du mois de 17 h à 19 h (ENS, salle de cours de l'IHMC, 3e étage, 45 rue d’Ulm 75005 Paris), du 14 novembre 2012 au 12 juin 2013.

 

Jérôme Baschet, Que faire de l'Occident ? Enquête sur les conceptions de la personne dans les mondes de l'analogisme.
On poursuivra la réflexion engagée l'an dernier sur les modalités du comparatisme, en revenant sur la « question de l'Occident », telle qu'elle est posée notamment dans les études postcoloniales et dans les critiques qui peuvent en être menées. L'un des enjeux de la pratique du comparatisme est précisément d'échapper à certaines apories de ces débats, en permettant de situer la trajectoire européenne à sa juste place et de mesurer avec soin ses particularités en écartant tout autant l'essentialisation (positive ou négative) qu'une banalisation ou une dilution qui, sous prétexte de récuser l'ethnocentrisme, risquerait de rendre incompréhensible un pan considérable de l'histoire humaine. Dans un second temps, on tentera d'apporter une contribution spécifique à ce questionnement général en approfondissant l'examen comparatiste des conceptions de la personne, notamment dans les sociétés relevant de l'analogisme (au sens de Philippe Descola), de l'Europe médiévale au domaine mésoaméricain en passant par divers autres exemples. Il s'agira de préciser si les traits communs, au regard des autres ontologies, prédominent ou bien si de véritables lignes de fracture se dessinent entre les mondes analogiques.
Vendredi de 14 h à 16 h (INHA, salle Nicolas-Claude Fabri de Pereisc, 2 rue Vivienne 75002 Paris), du 15 mars au 14 juin 2013.

 

Alain Boureau, Le néant et le vide entre religion, politique et science au Moyen Âge central.
La simultanéité de publication de travaux médiévistes sur l’analyse de la notion de vide en science, sur l’abdication en politique et sur l’anéantissement du sujet en religion suggère d’examiner ensemble les diverses formes du néant dans la pensée et l’action au Moyen Âge central. On travaillera aussi sur la critique du trop-plein conceptuel chez Richard de Mediavilla (ce qu’on nomme de façon anachronique le « rasoir d’Ockham »), l’image sociale de l’homme de rien et les débuts d’une mystique du vide.
Hebdomadaire, le mercredi, de 17h à 19h (105 bd Raspail, salle 4), du 7 novembre 2013 au 19 juin 2013.

 

Pierre Bouretz, Le philosophe dans un âge de croyance.
On s’est attaché ces dernières années dans le séminaire à l’analyse des conditions d’exercice de la philosophie et la recherche d’une figure originale du philosophe dans un contexte qui peut se décrire de deux points de vue : historique, pour autant qu’il s’agit d’un moment médiéval ni « ancien » ni « moderne » au sens que nous donnons à ces catégories ; culturel, dans la mesure où il est question des mondes juif et arabe, distincts de celui du christianisme. De façon générale, ce moment ni encore « ancien » ni déjà « moderne » peut être défini comme un âge de croyance. Dans ces deux mondes en particulier, il se caractérise par l’existence d’un conflit théologico-philosophique entre Loi et raison. L’hypothèse de cette recherche est que l’on trouve la forme de compréhension la plus aigue de ce conflit et l’une des façons les plus originales de l’affronter s’agissant tant des doctrines que de l’écriture dans un livre unique en son genre : le Guide des perplexes de Maïmonide.
On s’attachera cette année à des questions de cosmologie et de noétique attachées aux problèmes de l’intellect, qui concernent Dieu, les sphères céleste et l’homme. Ces questions ouvertes mais pour certaines laissées non résolues par Aristote avaient été traitées par ses premiers grands commentateurs comme Alexandre d’Aphrodise et trouveraient chez les médiévaux des solutions originales. Pour analyser l’histoire de concepts comme ceux d’intellects « matériel », « acquis » et « agent », on repartira de grands textes fondateurs, en l’espèce celui d’Étienne Gilson daté de 1929 et titré « Les sources gréco-arabes de l’augustinisme avicennant », « Plotin chez les Arabes », publié par Paul Kraus en 1942, ou encore, dans une perspective historique plus large, le « Von Alexandrien nach Bagdad » de Max Meyerhof, paru en 1930.
Il s’agira donc d’examiner les « sources » d’auteurs comme Fârâbî et Maïmonide sur ces questions, de rechercher des candidats au rôle d’intermédiaires entre « anciens » et « modernes » au sens cette fois que donnaient à ces termes les médiévaux eux-mêmes, ou encore de se pencher sur des textes que nous savons apocryphes mais que ceux-ci considéraient sans doute comme authentiques, telle la pseudo Théologie d’Aristote. Mais in fine, il sera toujours question d’illustrer leurs capacités spéculatives à la recherche de solutions à des problèmes philosophiques hérités de l’Antiquité. Ce pour continuer de démentir le jugement de Hegel selon lequel la philosophie a été restreinte à « un petit nombre d’individus, des peuples particuliers et des périodes particulières ».
Mardi de 17h à 19h (salle 1, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 8 janvier au 25 juin 2013. La séance du 11 juin se déroulera en salle 4 (même heure, même adresse).

 

Jacques Chiffoleau, Tyran, tyrannicide et construction de la majesté en France au XVe siècle.
Dans la suite de nos travaux sur les grands procès de la fin du Moyen Âge et après la relecture des actes des procès Jeanne d’Arc (1431 et 1456) à laquelle nous nous sommes livrés en 2011-2012, nous nous intéresserons cette année au très gros dossier de la justification du tyrannicide par Jean Petit à la suite du meurtre de Louis d’Orléans (entre 1407 et 1417, à Paris et au Concile de Constance). Moins pour compléter ou soumettre à critique une simple histoire des doctrines – impossible à ignorer cependant – que pour mesurer le rôle des procédures et des qualifications romano-canoniques dans la construction de nouveaux rapports de pouvoir et d’un mode inédit de gouvernement souverain.
Deuxième et quatrième jeudis du mois, de 17h à 19h
(salle 4, 105 Bd Raspail, Paris), du 11 octobre 2012 au 13 juin 2013.

 

Jacques Chiffoleau, Sylvain Parent, Tyrannie et plénitude de puissance au XIIIe et au XIVe siècle.
On abordera cette année l’histoire de la figure médiévale du tyran, en revenant d’abord sur les grandes étapes de sa construction entre le haut Moyen Âge et Jean de Salisbury puis en nous concentrant sur quelques dossiers précis, essentiellement italiens, de la fin du XIIIe et du début du XIVe siècle. Ce sont moins alors les développements doctrinaux, notamment théologiques, qui nous retiendrons, même s’ils restent très importants, que la façon dont cette qualification est techniquement mobilisée, dans la polémique ou le procès, par le papes ou leurs partisans lors des luttes politiques, par exemple contre Frédéric II et Ezzelino da Romano ou contre les Signori gibelins à l’époque de Jean XXII ou du cardinal Albornoz.
Premier, troisième et cinquième jeudis du mois de 15h à 17h
(École normale supérieure de Lyon, 15 parvis René-Descartes 69007 Lyon), du 4 octobre 2012 au 30 mai 2013.

 

Emanuele Coccia, Sylvain Piron, Incarnation et pauvreté : de la formation du dogme à ses effets médiévaux.
Le séminaire se propose d'étudier, dans la longue durée, l'histoire d'un dogme chrétien, en le considérant simultanément dans sa définition doctrinale et dans ses manifestations historiques. Le dogme de l'Incarnation est une pièce majeure de la définition même du christianisme ; il constitue sa première et principale difficulté. Le messianisme chrétien pense en effet la venue du messie dans les termes de l'assomption d'une chair humaine, passible et mortelle, par la divinité, éternelle et spirituelle. La position de ce dogme implique une nouvelle définition de l'espace divin et de profonds remaniements anthropologiques.

Le séminaire tâchera de décrire les nœuds principaux du dogme, dans son évolution historique au cours du premier millénaire chrétien. Dans une deuxième partie, nous nous pencherons sur ses modulations médiévales. La coloration particulière que prend le christianisme occidental à partir du XIe siècle tient à l'accentuation de ce thème. On cherchera à le faire apparaître en examinant ses effets aussi bien dans des pratiques corporelles, des mises en forme ecclésiologiques que des représentations visuelles.
Lundi de 11 h à 13 h (salle 4, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 12 novembre 2012 au 4 février 2013.

 

Béatrice Delaurenti, L’action à distance au Moyen Âge : "compassio", empathie, sympathie et imagination.
Le séminaire poursuit l’étude des réflexions philosophiques et médicales de l’époque médiévales sur l’action à distance. Il est organisé autour de deux axes thématiques ; le premier porte sur la notion médiévale de compassio. Le terme désigne l’imitation involontaire du comportement d’autrui, il ouvre sur les concepts modernes de compassion, de sympathie et d’empathie. L’année dernière, nous avons suivi au XIVe siècle l’éclosion d’une réflexion sur la compassio à partir d’une série de commentaires aux Problèmes d’Aristote. Cette année, nous étudierons les prémisses de ce débat au XIIIe siècle, notamment dans certaines questions de l’École de Salerne.
Sur le pouvoir de l’imagination, second axe du séminaire, la réflexion médiévale est étroitement liée au traité De Anima d’Avicenne et à sa réception en Occident. Avicenne soutient que l’homme peut exercer une action sur les choses extérieures en vertus du pouvoir de l’âme, en particulier par l’imagination. Ce texte célèbre a circulé en Occident, riche en suggestions pour ceux qui cherchent à penser les phénomènes d'influence dans un cadre dominé par l’aristotélisme chrétien. Nous étudierons la réception de la doctrine d’Avicenne sur l’imagination en analysant les commentaires au De Anima, diffusés dans le monde latin à partir du XIIIe siècle.
Premier et troisième vendredis du mois de 13 h à 15 h
(salle 5, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 23 novembre 2012 au 7 juin 2013. La première séance se déroulera exceptionnellement le 23 novembre, la séance du 15 mars est reportée au 22 mars.

 

Sophie Desrosiers, Les textiles comme source : textiles, cuir et autres. Cours méthodologique.
Cours présentant les méthodes d'analyse et de description des textiles dans le cadre de l'histoire sociale, de l'art, et des techniques.
Vendredi de 9h à 11h
(salle 2, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 23 novembre 2012 au 22 février 2013.

 

Sophie Desrosiers, Marie Phliponeau, Les objets comme source : le cas des textiles.
Les objets constituent une source particulière du fait de leur matérialité et du rôle qu’ils jouent et qu’ils ont joué dans de nombreuses sociétés. Objets de prestige comme objets du quotidien nous renseignent sur les pratiques et les idées mises en œuvre au cours de leur production et de leur participation à la vie sociale, économique, politique, et religieuse des sociétés. Du fait de leur omniprésence comme objet technique, objet d’art et de mise en scène et/ou de vêtement, les textiles sont riches en informations sur le présent comme sur le passé. Ils permettent de retisser l'histoire parfois sur la très longue durée en apportant des informations que les autres sources ne peuvent pas toujours fournir, quand elles existent.

Le séminaire sera cette année à deux voix qui tenteront de comparer méthodes et résultats élaborés dans des contextes différents autour de fibres textiles particulières : le coton en Afrique de l’Ouest, le coton et les poils de camélidés dans les Andes centrales et du Centre-Sud, la soie entre la Chine et l’Occident à la fin de l'Antiquité et au Moyen Âge.
Vendredi
, de 9 à 11h (salle 2, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 1er mars 2013 au 7 juin 2013.

 

Sylvie Anne Goldberg, Comment s’est-on raconté l’histoire du monde Ashkénaze ?
Les multiples formes narratives du passé (récits des origines, légendes, corpus littéraires ou religieux), agencent une version de l’histoire accommodée aux besoins du présent. Poursuivant cette thématique, le séminaire mettra l’accent cette année sur les relations développées entre Juifs et Chrétiens durant le Moyen Âge. En s’intéressant à la manière dont les uns et les autres apparaissent dans les récits, chroniques, pamphlets et textes théologico-polémiques, on étudiera l’émergence de stéréotypes (juifs chez les Chrétiens et inversement, chrétiens chez les Juifs) qui ont traversé l’histoire et la manière dont ils ont gravé leur empreinte sur l’historiographie.
Deuxième et quatrième jeudis du mois de 17h à 19h
(salle 2, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 10 janvier au 13 juin 2013.

 

Etienne Hubert, Identité et identification des personnes : normes et pratiques (Italie, Moyen Âge).
Le séminaire étudiera la question de l'identification des personnes et de la certification de l'identité dans les villes de l'Italie communale caractérisées par une très forte croissance démographique nourrie par une immigration massive. Dans ce contexte de forte mobilité géographique et sociale, le développement extraordinaire de la bureaucratie a imposé la mise en place de procédures d'enregistrement des individus. Quelles sont-elles ? Comment certifier l'identité individuelle ? Comment prouver son identité face aux autorités ? On rassemblera et commentera les sources des XIIIe-XVe siècle qui livrent des éléments d'information sur un aspect de l'histoire de la société avant l'émergence de l'État moderne.
Premiers, troisièmes et cinquièmes mardis du mois de 11h à 12h45 (salle 4, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 6 novembre 2012 au 4 juin 2013.

 

Etienne Hubert, Logiques et pratiques sociales de l'habitat et du logement (Italie, Moyen Âge).
L'histoire de l'organisation et de la distribution du peuplement et de l'habitat est celle d'une concentration toujours plus accentuée dans les villes et villages, en pleine expansion à partir du XIe siècle. On poursuivra l'étude des conditions matérielles, juridiques, sociales, économiques et politiques de l'habitat et du logement, en ville comme à la campagne, à partir d'exemples précis choisis dans la péninsule italienne où le taux de concentration et d'urbanisation de la population était le plus élevé de l'Europe médiévale : structures matérielles ; droit et économie du logement rendent compte de la précarité ou au contraire de la stabilisation de la résidence et par conséquent de l'intégration dans les structures sociales et politiques. L'arc chronologique examiné couvre une longue période de croissance démographique et économique, du VIIIe siècle jusqu'au début du XIVe siècle, et s'achève sur une période de crise majeure au XIVe siècle.
Premiers, troisièmes et cinquièmes mardis du mois de 13h15 à 15h (salle 4, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 6 novembre 2012 au 4 juin 2013.

 

Dominique Iogna-Prat, L'ecclésiologie : discours clérical et science du social.
L’objectif global du séminaire est d’examiner la dynamique historique suivant laquelle l’Église médiévale a pu être conçue comme une totalité du social, puis comment, sous forme de transferts de sacralité relevant de la « sécularisation », l’Église, en tant que structure englobante, a progressivement cédé le pas à d’autres instances, civiles mais pas moins majestueuses, de contrôle et de structuration de la société (la Cité, l’État), tout en conservant à long terme une force d’attraction renouvelée permettant de penser l’universel. D’où l’actualité persistante de l’Église visible ou invisible pour les philosophies de l’histoire du XVIIIe siècle, voire pour la première tradition sociologique au XIXe siècle. Le travail du séminaire sera consacré, en alternance, à quatre grands thèmes relevant, à des degrés divers, de l’ecclésiologie comme science du social.
Le premier, « L’Église au risque de l’“espace public” (1200-1700) », doit permettre d’achever l’enquête ouverte l’an passé sur les formes architecturées de la société médiévale en partant de la question de la « pétrification » de l’Église latine comme visibilité monumentale, au prix d’une confusion entre contenant et contenu emblématique d’un englobement, d’une prise de contrôle de la société chrétienne. Dans un passage célèbre de son Esthétique (III, i, 3), Hegel voit dans l’architecture gothique « le centre caractéristique du romantisme », et il fait de la cathédrale médiévale un idéal-type, « une œuvre qui existe pour elle-même », « un être pour soi ». Est-ce à dire que la référence monumentale à l’Église accompagne l’histoire du christianisme en tant qu’universalisme éthique dans les grands systèmes philosophiques classiques ? Sans doute, mais au fil d’une histoire qui voit se découpler les domaines du théologique et du politique. D’où la nécessité de confronter la monumentale Église médiévale aux formes modernes de la communauté, de 1200 à 1700, depuis la scolastique jusqu’à l’absolutisme, dans une longue pré-modernité sécularisée au cours de laquelle s’opèrent de larges mouvements de transferts de sacralité de l’Église à la Cité et à l’État, avec l’émergence de la politique comme « science de l’architecture ».
Les trois autres thèmes permettront de traiter, de façon complémentaire, de l’ecclésiologie comme discours des clercs sur la société puis comme science du social, de travailler à une histoire sociale de l’Église médiévale, et enfin de proposer une étude en miroir de deux grands arts de gouverner, les sciences de l’Église et de l’État, l’ecclésiologie n’étant au fond qu’une modalité ancienne de la politique.
Jeudi de 15 h à 17 h
(salle Alphonse-Dupront, 10 rue Monsieur-le-Prince 75006 Paris), du 8 novembre 2012 au 13 juin 2013. La séance du 29 novembre aura lieu de 15 h à 19 h en salle 3, RdC, bât. Le France, 190 avenue de France 75013 Paris.

 

Maurice Kriegel, L'écriture de l'histoire au lendemain de l'expulsion d'Espagne.
Le séminaire se fixe un double objectif. D'une part, cerner les traits caractéristiques d'une production historique dans le monde juif particulièrement abondante au XVIe siècle. D'autre part, restituer les analyses, d'inspirations très diverses, que plusieurs auteurs ont alors proposées du processus de déstabilisation qui a conduit à l'expulsion de 1492. On s'interrogera notamment sur la pertinence de la notion d'historiographie « lacrymale ».
Mardi de 15h à 17h (salle 9, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 8 novembre 2012 au 29 mai 2013.

 

Etienne de La Vaissière, Asie centrale médiévale : la première islamisation.
Le séminaire portera sur l'histoire et l'archéologie de l'Asie centrale occidentale autour du tournant du VIIIe siècle et sera consacré à l'analyse de la première islamisation, en présentant la situation au moment de l'arrivée des armées musulmanes, comme les débuts des processus de conversion. C'est ce processus assez rapide de basculement qui nous intéressera. En fonction des intérêts des étudiants, on ne s'interdira pas d'aller plus avant vers le Xe siècle pour étudier d'autres régions (monde turc, bassin du Tarim) et d'autres groupes de l'Asie centrale touchés plus tardivement. Aucune connaissance linguistique n'est requise.

Mardi de 14h à 16h (Collège de France, salle Paul-Pelliot, 52 rue du Cardinal Lemoine 75005 Paris), du 20 novembre 2012 au 11 juin 2013.

 

Paolo Odorico, Littérature, représentations et société à Byzance.
Dans la tradition des études byzantines, la production littéraire a été toujours prise en compte selon des lignes bien particulière : la comparaison avec la littérature grecque ancienne a été prise en compte, les textes byzantins ont été considérés comme source historique, l’ensemble des écrits a été analysé dans la perspective de la tradition littéraire à la fois l’ancienne pendant le Moyen Âge ou entre la « fortune » d’un auteur donné. Ce n’est que dans les dernières années que la production littéraire byzantine fait l’objet d’approche nouvelle.
Nous essayerons d’étudier les textes du point de vue de la production immédiate, à savoir du rapport qui lie l’auteur à son public. Pour ce faire, nous analyserons la littérature du IXe siècle, notamment en ce qui concerne le statut social des auteurs et leurs rapports au pouvoir, en comparaison avec les auteurs de la période précédente.
Dans le cadre des séminaires interviendront Stratis Papaioannou, professeur à la Brown University de Providence, qui nous parlera de l’autorialité à Byzance, Marco Di Branco, de l’Université de Rome-La Sapienza, qui nous parlera des rapports entre la littérature byzantine et la littérature arabe, et Andreas Rhoby, chercheur de l’Université des Sciences de Vienne qui traitera du rôle de la littérature épigrammatique dans la société byzantine. Une ou deux séances seront consacrées aux présentations faites par les étudiants de leurs recherches. Une École d’été qui aura pour sujet « Outils à Byzance – Outils pour Byzance » sera organisée du 4 au 16 juillet 2013 à Thessalonique (Grèce)
Lundi de 11h à 13h
(salle 3, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 12 novembre 2012 au 10 juin 2013.

 

Jean-Michel Poisson, Habitats ruraux des élites (Xe-XIIIe siècle).
Les apports récents de l'archéologie proposent une image renouvelée des établissements ruraux au cours du premier Moyen Âge, du point de vue morphologique et fonctionnel. Il est utile de réfléchir à la définition des marqueurs sociaux qui permettent de différencier, dans un ensemble désormais assez abondant de données matérielles, les structures d'habitat des élites rurales par rapport notamment aux installations paysannes. À partir de l'examen de dossiers monographiques fournis par des enquêtes en cours, il s'agira de caractériser les éléments constitutifs de ces différenciations sociales, à une époque où ils n'ont pas encore un caractère d'évidence.
Deux vendredis par mois de 14 h à 16 h (EHESS-Lyon, CIHAM, 14 av Berthelot 69007 Lyon), les 26 octobre, 16 et 30 novembre, 14 décembre 2012, d'autres dates seront fixées ultérieurement.

 

Sandrine Robert, Réseaux géographiques et fabrique des formes.
Les aménagements produits par les élites (fondations antiques, médiévales, routes, etc.) ont été surinvestis dans la recherche historique au détriment des « aménagements » spontanés. L’archéogéographie reconnaît la capacité pour un ensemble de formes à évoluer en système organisé sans qu’une planification volontaire ait porté sur sa structure d’ensemble. Dans la première partie du séminaire, nous nous interrogerons sur le rôle des réseaux de circulation (eau, chemins) dans la construction et la transmission des trames parcellaires et du tissu urbain. La seconde partie portera sur la question : qui fabrique les réseaux ? Peut-on appliquer la notion de « fabrique urbaine » qui étudie les stratégies des acteurs, conjointement à la morphologie, à une « fabrique des réseaux » ? Dans cette conception, les réseaux seraient le résultat d’une interaction entre des stratégies sociales (sans visée directe et consciente de les créer) et une structure matérielle, en partie héritée. Les cas étudiés seront puisés dans des formes étudiées sur la longue durée (de la période gauloise à nos jours) en milieu rural et urbain. L’enseignement théorique pourra être complété par un enseignement pratique délivré à l’EHESS et à l’Université Paris-I (formation au Système d’information géographique, carto-photo-interprétation, imagerie aérienne, outils pour l’analyse morphologique, …).
Lundi de 15h à 17h
(salle 9, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 5 novembre 2012 au 4 février 2013

 

Filippo Ronconi, Photius dans la société byzantine du IXe siècle.
En poursuivant l’enquête menée dans le séminaire de l’année dernière (« Évolutions graphiques et transformations socio-politiques à Byzance aux VIIIe-IXe siècles »), nous concentrerons notre attention sur l’une des figures-clés du IXe siècle, Photius de Constantinople. Parmi les savants les plus distingués du « premier humanisme byzantin » (une formule, celle-ci, dont nous allons mettre en discussion la valeur herméneutique et la légitimité historique), Photius a été un écrivain prolifique et un lecteur acharné, mais aussi, et surtout, un ‘homme publique’, impliqué dans les choix politiques de deux dynasties : secrétaire impérial et deux fois patriarche, conseilleur et précepteur d’empereurs, il conditionna les rapports entre Byzance et les mondes occidental et slave. Plusieurs aspects de sa biographie et de son activité demeurent néanmoins obscurs, comme par exemple sa participation à une expédition chez les Arabes ou la nature de ses rapports avec d’autres membres de l’élite constantinopolitaine mêlés dans la querelle iconologique, tels que Jean le Grammairien, Léon le Philosophe, Théodore de Stoudios. Dans une certaine mesure, ses intérêts culturels restent, eux aussi, indéfinis : a-t-il été vraiment intéressé, comme plusieurs chercheurs l’affirment, au Platonisme ? Est-il à identifier effectivement avec le commanditaire de la « collection philosophique », le groupe de livres qui, transmettant des ouvrages méso- et néo-platoniciens autrement perdus, aurait marqué un tournant fondamental dans la renaissance des études philosophiques à Byzance ? Et encore : quel fut le rapport entre le cercle de lecture qu’il semble avoir animé et la composition des ouvrages qui sont passés à la tradition sous son nom, constituant souvent des textes-clés du moyen-âge oriental ?
Nous essayerons de répondre à ces et à d'autres questions, au moyen de deux méthodes d’analyse : d’un côté, nous reviendrons sur les sources littéraires et documentaires de l’époque, en premier lieu sur les épîtres de Photius lui-même. Nous nous concentrerons entre autres sur La lettre à Taraise (qui ouvre son ouvrage le plus connu, la Bibliothèque, et qui semble attester la participation de Photius à une expédition diplomatique chez les Arabes) pour en confirmer la nature fictive. D’autre côté, nous nous consacrerons à l’analyse directe – menée suivant la méthode que nous avons appelée ailleurs « stratigraphie codicologique » – de plusieurs manuscrits du IXe siècle qui sont potentiellement liés au milieu photien : nous étudierons par exemple les dix-huit témoins de la « collection philosophique », ainsi que les manuscrits fondamentaux des ouvrages du savant (notamment de la Bibliothèque).
L’étude approfondie de ce personnage constituera le moyen pour observer, de l’intérieur, les dynamiques socioculturelles liant les membres des élites constantinopolitaines du IXe siècle, une période lourde d’implications religieuses et culturelles, ainsi que politiques : l’activité de Photius nous permettra en outre de réfléchir, d’un côté, sur les rapports entre Byzance et les grandes puissances de son époque, notamment les mondes arabe et franc, mais aussi l’église romaine ; d’autre côté, sur la fonction et le rôle social des ‘intellectuels’ dans le monde méso-byzantin.
Jeudi de 15h à 17h (salle 10, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 7 mars 2013 au 6 juin 2013.

 

Adeline Rucquoi, Savoir et pouvoir dans la Péninsule ibérique au Moyen Âge.
Le séminaire, consacré à l’histoire culturelle de la Péninsule ibérique, chrétienne, islamique et juive du Moyen Âge, porte sur l’écriture de l’histoire et l’élaboration de concepts politiques et religieux dans l’Espagne médiévale et dans l’historiographie contemporaine. Nous nous intéresserons plus spécialement cette année au problème des "identités hybrides" et à la validité même du concept.
Lundi de 10h à 12h (salle 426, bât. Le France, 190-198 av de France 75013 Paris), du 12 novembre 2012 au 26 mars 2013.

 

Jean-Claude Schmitt, Histoire des rythmes.
On poursuivra une ample réflexion sur les rythmes sociaux dans un « long Moyen Âge », en mobilisant de nombreux documents textuels, musicaux et iconographiques. Cette enquête se justifie par le fait que les rythmes jouent un rôle clef dans la construction, la mise en ordre et la reproduction du social. Ils conjurent le cahot comme, en musique, la cacophonie. C'est pourquoi toute perturbation rythmique est-elle ramenée à un rythme connu ou transformée en un rythme nouveau. En régissant les usages ordinaires du temps et de l'espace, les rythmes ont une forte fonction d'individuation personnelle et collective, comme le montra naguère Roland Barthes à propos de l'« idiorythmie » et du « vivre ensemble » et comme le confirment les rituels ecclésiastiques, civiques et princiers, les chants, les processions et la danse, l'organisation du travail, la périodisation de l'histoire universelle, la scansion des généalogies royales ou le déroulement des récits autobiographiques. Mais aucune de ces constructions rythmiques ne se fait sans décalages, tensions ni conflits : dans la vie sociale comme dans un pas de danse, le rythme n'est pas un état stable, mais une tension, un effort permanent pour entrer ou rester « dans le rythme ». « Le rythme est par essence boiteux », écrit le philosophe Frédéric Bisson. Ainsi l'étude des rythmes dans l'histoire débouche sur l'étude des rythmes de l'histoire : les sociétés humaines ne connaissent pas d'évolution continue et synchrone de toutes leurs composantes, mais une échelle de temps diversifiés, d'ampleur inégale et non synchrones (Fernand Braudel). Et dans le faisceau des rythmes quotidiens s'observent, sous les apparences de la continuité et de la régularité, les « petites différences » où s'enclenche le devenir, le « passage transcodé d'un milieu dans un autre » (Gilles Deleuze et Félix Guattari). Pour explorer ce champ immense et riche d'innovations théoriques et interdisciplinaires, la parole sera également donnée à plusieurs moments de l'année à des chercheurs qui se préoccupent dans d'autres champs de la question des rythmes.
Vendredi de 9h à 11h (INHA, salle Walter Benjamin, 2 rue Vivienne 75002 Paris), du 9 novembre 2012 au 14 juin 2013. La séance du 9 novembre se tiendra exceptionnellement en salle Perrot (même adresse, 2e étage).

 

Enseignements obligatoires en M1 (S1 et S2) et en M2 (S3)

Méthodologie de la recherche en histoire.
Ce séminaire généraliste, de formation à la recherche en histoire et d’ouverture sur les sciences sociales, expose les principales techniques nécessaires au jeune chercheur, présente la démarche historiographique, envisage la pratique des sources documentaires, et éclaire le processus de construction d’un objet de recherche. Il constitue également une aide à la rédaction du mémoire que les étudiants remettront en fin de première année de master. Ce séminaire est semestrialisé, mais l’enseignement qu’il dispense s’organise sur l’année.
Ce séminaire est obligatoire pour tous les étudiant(e)s inscrit(e)s en première année (M1) de la mention Histoire de l’EHESS.
Horaires à préciser.

 

Doina Craciun, Pierre-Olivier Dittmar, Sylvain Piron, Marion Pouspin, Atelier des médiévistes. Questions, techniques et outils de la recherche.
Ce séminaire collectif se propose d’une part d’introduire à quelques grands débats historiographiques concernant les sociétés médiévales, dans une perspective interdisciplinaire et comparatiste, et d’autre part de fournir une initiation à différents outils et techniques de recherche.
Ce séminaire est obligatoire pour les étudiants inscrits en Master suivant le parcours de spécialisation « études médiévales ».
Deuxième et quatrième mardis du mois de 19h à 21h (salle 1, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 23 octobre 2012 au 11 juin 2013.

 

Sources et instruments de recherche en histoire médiévale
Le module permet d’obtenir l’équivalent de deux UE semestrielles (total de 50 heures/semestre = 2 x 6 ECTS). Il comprend des enseignements de latin médiéval, de paléographie (participation obligatoire sauf dispense par le directeur de recherche).

 

Gisèle Besson, Latin médiéval. Niveaux de langue et problèmes de traduction.
Langue commune des lettrés médiévaux en Europe, le latin se présente en fait tout au long du moyen âge sous des formes extrêmement diverses en fonction de la date, des sujets traités, des publics visés, de l’origine géographique ou des compétences de l’auteur (ou du copiste), sans compter les nuances perceptibles dans les parties d’un même ouvrage. L’objectif du séminaire est donc, à travers la lecture et la traduction de textes appartenant à des époques et à des « genres » différents (exemplum, hagiographie, chronique, voire charte…), de donner les outils d’une lecture efficace de la production latine médiévale dans sa diversité. On examinera en particulier le rapport du latin médiéval à la langue et à la culture classiques, les évolutions linguistiques, les phénomènes liés aux co-linguismes, les niveaux de langue… ; faisant ainsi apparaître des modes d’écriture, on pourra construire des modes d’analyse, des grilles de lecture, et expliciter les enjeux de la traduction.
Le séminaire est ouvert à tous ceux qui possèdent la connaissance des structures de base du latin. Les textes proposés sont groupés selon une thématique qui change chaque année ; il est possible d’intégrer des textes apportés par les participants au séminaire. Thème retenu pour l’année 2012-2013 : « Lire, copier, penser ; quelques aspects du monde intellectuel médiéval ».
Vendredi de 11h à 13h, (INHA, 2 rue Vivienne, 75002 Paris, salle EPHE), du 9 novembre 2012 au 7 juin 2013.

 

Philippe Maurice, Paléographie médiévale.
Séminaire technique et théorique. Après une approche théorique de la paléographie (trois séances), les autres séances sont consacrées à l'apprentissage pratique de la lecture des textes du Moyen Âge.
Mardi de 11h à 13h (INHA, salle Mariette, 2 rue Vivienne, 75002 Paris) du 13 novembre 2012 au 28 mai 2012. Pas de séance le 5 mars 2013.

 

Filippo Ronconi, Outils fondamentaux d’analyse (paléo-)graphique et codicologique. Éléments de paléographie grecque.
Introduction à l’étude des éléments fondamentaux pour l’analyse du document écrit. Fondements de codicologie. Fondements de paléographie grecque.
Jeudi de 15h à 17h
(salle 10, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 8 novembre 2012 au 28 février 2013.

 

Ateliers, conférences et autres enseignements (M1 et M2)

A Paris

 

Francesca Aceto, Jérôme Baschet, Doina Craciun, Aline Debert, Pierre-Olivier Dittmar, David Dominé-Cohn, Jean-Claude Schmitt, Groupe de travail sur les images médiévales.
Ce groupe de travail hebdomadaire vise à poursuivre avec les étudiants la constitution d’une banque de données de miniatures médiévales (13 000 images de 400 manuscrits numérisées et indexées à ce jour) et à échanger librement des observations sur les méthodes d’analyse et d’interprétation des documents iconographiques. Une partie des séances sera consacrée à la discussion des recherches en cours des étudiants en master et en doctorat.
Mardi de 14h à 16h
(INHA, bureau du GAHOM, 2 rue Vivienne 75002 Paris), du 6 novembre 2012 au 11 juin 2013.

 

Emanuel Antoche, Dan Ioan Muresan, Guerres impériales dans le Sud-est européen (XIVe-XVIe siècles). L’empire byzantin, l’Empire ottoman et les croisades tardives.
L’essor de l’Empire ottoman et le déclin de l’Empire byzantin, phénomène bivalent qui constitue l’objet de nos interrogations depuis trois ans, est un fait historique qui s’est décidé en dernière instance sur le champ de bataille. Or les guerres qui ont ponctué de manière décisive ce tournant dans l’histoire du Sud-Est européen ont eu le caractère de guerres impériales, concept qui nous ramène au contenu originaire, militaire, du titre d’imperator.
Ce sont des armées impériales qui se confrontent sur les champs de bataille des Balkans à cette époque, ce qui demande de s’interroger sur les perspectives que l’organisation militaire des combattants ouvre sur la constitution politique et sociale des antagonistes eux-mêmes. La faiblesse des armées byzantines, serbes, bulgares etc. qui confrontèrent sans succès la puissance ottomane fait ainsi état des contradictions sociales qui minaient de l’intérieur les Etats balkaniques à la veille de la conquête. L’armée ottomane est quant à elle le produit d’une société alors en plein développement où le centralisme outrancier du pouvoir du sultan tranche avec les forces centrifuges qui exercent leur pression sur les frontières en expansion de l’Empire. C’est donc d’abord à l’aspect militaire de la transformation sociale de la région que nous allons nous intéresser, en analysant de manière critique la pertinence pour cet espace du concept de « révolution militaire » (G. Parker). Diverses études de cas permettront de clarifier la thématique, en illustrant ainsi la problématique des croisades tardives : la croisade d’Amédée de Savoie (1366), la croisade orthodoxe de Maritsa (1371), la croisade de Nicopolis (1396), la croisade de Varna (1444), la croisade de Kossovopolje (1448), la prise de Constantinople (1453), la croisade de Belgrade (1456), la longue croisade européenne de 1463-1481. Après le désastre hongrois de Mohács (1526), seul l’engagement, méfiant mais inéluctable, du Saint Empire put arrêter difficilement l’avancée ottomane devant la capitale impériale de Vienne (1529). Les présentations se donneront ainsi pour tâche de reconstituer de manière critique les causes de la disparition de l’Empire byzantin, ainsi que les phases successives de l’expansion ottomane en Europe et les oppositions auxquelles elle dut se confronter, de Sigismond de Luxembourg jusqu’aux Habsbourg.
Vendredi de 17 h à 19 h (salle des artistes, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 1er mars 2013 au 7 juin 2013.

 

Alain Boureau, Béatrice Delaurenti et Sylvain Piron, Questions disputées en histoire intellectuelle du Moyen Âge.
Comme les années passées, l’atelier donnera l’occasion de présenter des recherches en cours, menées par les membres du groupe d’anthropologie scolastiques et leurs invités, et de discuter d’ouvrages récemment publiés concernant l’histoire intellectuelle médiévale prise dans un sens très large.
Hebdomadaire, le mercredi de 15h à 17h (salle 4, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 6 mars au 12 juin 2013.

 

Pierre Caye, Philippe Hoffmann, Christian Jambet, Xavier Papaïs, Stéphane Toulouse, Néoplatonismes.
Cet Atelier néoplatonicien propose de retracer une longue tradition de pensée, trop souvent méconnue, mais qui pourtant a innervé l’histoire de la métaphysique comme celle des doctrines esthétiques. Cela en Orient comme en Occident, des derniers diadoques païens jusqu'au romantisme allemand, en passant par les mystiques musulmanes, les spiritualités médiévales et l’humanisme de la Renaissance. De ce puissant courant, on s'attachera à parcourir la dynamique profonde, spécialement pour la théorie des formes, dans la pensée philosophique comme dans les mondes de la culture et de l’art.
En 2012-2013, l’Atelier étudiera la notion de monde intermédiaire : la vie propre aux formes et leur puissance médiatrice. Ainsi dans les théories de l’imagination, les doctrines de l’âme comme puissance intermédiaire, la notion de vie démonique (anges, héros), l’idée civique et religieuse de médiation interpersonnelle. Le mouvement des formes suppose elle-même une doctrine secrète des voyages de l’âme : les espaces et temps que parcourent les âmes comme puissances de mouvement. En elles-mêmes, comme entre elles (empathie, sympathie, participations) et dans ce que le néoplatonisme nommait l’espace spirituel, ou pneumatique. Cet espace recouvre maintes dimensions qui sous-tendent en secret la notion de subjectivité, comprise alors en un sens bien plus large et profond qu’aux temps modernes. Ainsi : le passage du daimôn antique au creusement d’une conscience (réfléchie, cultivée pour elle-même). De même : des ontologies précises, aptes à décrire les rapports intersubjectifs, dans la mesure où les âmes participent entre elles - d’où la nécessité de médiations (angéliques, démoniques, rituelles) qui constituent l’espace même de l’esprit (pneuma). Enfin : la notion centrale de véhicule de l’âme qui désigne à la fois son corps subtil et l’élément même de l’imagination : si les images et les formes sont dotées d’une puissance directe, c’est qu’elles tirent leur être même de ce milieu spirituel.
Un lundi par mois de 17 h à 20 h (salle des médailles, Lycée Henri-IV, 23 rue Clovis 75005 Paris), les 8 octobre, 12 novembre, 10 décembre 2012, 14 janvier, 11 février, 25 mars, 22 avril et 27 mai 2013.

 

Pascal Collomb, La liturgie médiévale occidentale et ses rituels.
L’année se déroulera en deux temps. Au premier semestre, six séances seront réservées à des séminaires d’initiation : présentation historique, bibliographique, de la liturgie médiévale et de ses sources principales (calendrier, messe, office, livres liturgiques, etc). Puis, le second semestre sera principalement consacré à l'étude d'un manuscrit liturgique médiéval à l'usage d'une abbaye bénédictine. Le liber ordinarius conservé aux archives départementales du Rhône (seconde moitié du XIIIe siècle) représente l'un des très rares témoins de la liturgie de l'abbaye de Saint-Martin-de-Savigny ; l'étude de son texte devrait permettre de dégager les particularismes locaux de son rite liturgique et de ses rituels (processions, etc.) propres.
Premier, troisième et cinquième jeudis du mois de 14h à 16h (INHA, 2 rue Vivienne, 75002 Paris) du 15 novembre 2012 au 30 mai 2013. Pas de séances les 21 février et 7 mars 2013.

 

Pierre-Olivier Dittmar, Séminaire Images Re-vues: histoire, anthropologie et théorie de l'art.
Images re-vues est une publication en ligne qui émane de quatre centres de recherche de l’EHESS et du CNRS installés à l’Institut National d’Histoire de l’Art : celui d’Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques (ANIMHA, fondé en 2010 et qui réunit le Centre Louis Gernet, le Centre Gustave Glotz, l’Équipe Phéacie), le Groupe d’Anthropologie Historique de l’Occident Médiéval (GAHOM), le Centre d’Histoire et Théorie des Arts (CEHTA) et le Laboratoire d’Anthropologie Sociale (LAS). Plutôt que les approches traditionnelles basées sur l’analyse du style, de l’iconographie ou de l’image comme simple document historique, elle privilégie celles qui relèvent de l’anthropologie des images et de la ressemblance, de l’iconologie analytique, de la philosophie de l’art, de l’archéologie des régimes de visibilité ou encore des visual studies. Le séminaire de recherche prolongera sous forme de débats entre auteurs et intervenants extérieurs, l’actualité des numéros publiés.
Vendredi de 16 à 18 h (INHA, salle du CEHTA, 2 rue Vivienne 75002 Paris), les 16 novembre, 14 décembre 2012, 18 janvier, 15 février, 15 mars, 12 avril, 17 mai et 21 juin 2013.

 

Michel Lauwers, Des « choses sacrées » et de la circulation des biens avant le marché : pour une histoire du « dominium » ecclésial au Moyen Âge.
Comme en 2011-2012, le séminaire portera sur les modalités d’inscription de l’Église médiévale au sein des structures sociales. En référence aux catégories utilisées par les clercs du Moyen Âge, selon lesquels l’Ecclesia résidait dans des « personnes » (in personis), dans des « lieux » (in locis) et dans des « biens » (in rebus), il s’agit de s’intéresser à la manière dont les clercs ont structuré la société en pensant de manière inédite et en organisant les relations entre les « personnes » ; d’observer la façon dont l’Église s’est ancrée en des « lieux » spécifiques, hautement valorisés, qui ont polarisé l’espace ; de s’attacher au rôle de l’Église dans la circulation des « biens » au sein de la société.
Le séminaire de l’année 2011-2012 (intitulé : « Où réside l’Église ? ») a porté sur la question des « lieux ». En 2012-2013, on envisagera celle des « biens », en nous appuyant sur le renouveau actuel des études relatives aux formes médiévales de l’économie, attentives au rôle qu’y joua l’institution ecclésiale. On s’attachera ainsi aux processus d’accumulation et de redistribution des richesses au sein d’une société qui ne connaissait pas le « marché » et dans laquelle les clercs définirent un bon usage des richesses, élaborèrent un lexique, puis une idéologie de la circulation et de la redistribution des biens, tout en contrôlant une part importante des terres, des transferts et des échanges au sein de la société. Les dossiers examinés en cours de séminaire devraient permettre d’articuler représentations, normes et pratiques sociales.
Les séances seront articulées avec celles du séminaire de Dominique Iogna-Prat, « Pour une histoire sociale de l’Église médiévale ».
Deuxième et quatrième jeudis du mois de 13h à 15h (salle Alphonse-Dupront, 10 rue Monsieur-le-Prince 75006 Paris), les 7 février, 7 mars, 4 avril, 16 et 30 mai et 6 juin 2013.

 

Julien Loiseau, Gabriel Martinez-Gros, Emmanuelle Tixier du Mesnil, Peuples et pouvoirs dans l’islam médiéval.
Pour la troisième année, nous nous interrogerons sur la notion de peuple ou d’ethnie dans l’Islam médiéval, question centrale pour la compréhension du pouvoir. Beaucoup plus nettement ou plus souvent que dans l’Occident médiéval, le pouvoir en Islam est en effet identifié à une ethnie, dont il est clair pourtant que les contours sont difficiles à cerner hors des mécanismes du pouvoir où elle se donne. « Circassien » naît au Caire mamelouk et « Afghan » dans le sultanat de Delhi ; « Arabe » se comprend à Cordoue ou à Séville entre Xe et XIIIe siècles par opposition à des figures toutes différentes, Hispanique converti ou Persan sous le califat, Berbère sous les dynasties almoravide et almohade. Qu’en est-il des Kurdes, des « Turcs » et des « Turkmènes », des Tadjiks, qui nomment parfois des Turcs jugés décadents ? Dans presque tous les cas enfin, la société civile est largement exempte des divisions ethniques qui définissent et régissent le pouvoir. Ce sont ces traits particuliers de l’ethnicité du pouvoir islamique dont nous entendons faire le centre de notre réflexion pour les années qui viennent.
Troisième jeudi du mois de 14h à 16h (IISMM, salle de réunion, 1er étage, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 18 octobre 2012 au 20 juin 2013.

 

Dan Ioan Muresan, Sanctum Imperium. L’espace théologico-politique byzantin entre l’idéal de l’orthodoxie et le spectre du schisme.
Le renouvellement de l’intérêt pour l’histoire du conciliarisme comme courant de pensée majeur de l’Église romaine a fait ressortir les liens subtils que celui-ci entretient avec l’idéologie impériale. Or le modèle idéal proposé par Nicolas de Cues à Sigismond de Luxembourg était l’empereur byzantin Basile Ier, tandis qu’est posé pour paradigme du concile de Bâle le concile de Constantinople de 870. Ce détail insuffisamment étudié ouvre une nouvelle perspective sur les racines byzantines de la pensée conciliariste occidentale.
C’est ce que nous nous proposons d’explorer en analysant l’origine et l’évolution du concept de sanctum imperium. Qu’est-ce qu’un « saint empire » et en quoi est-il différent d’un empire tout court ? La genèse de ce concept nous conduira à analyser les rapports entre l’Empire et l’Église tels qu’ils se déployèrent à l’occasion des points d’orgue que représentèrent pour l’histoire de l’Empire romain chrétien les conciles œcuméniques. Le sanctum imperium issu de la fusion sans confusion des structures de l’Empire et de l’Église n’était pas une « théocratie » car l’empereur et l’appareil public gardaient l’intégralité de leurs pouvoirs. Ce n’était pas non plus un « césaropapisme » car les hommes d’Église ne conservaient pas moins pour autant leur autorité spirituelle. C’est dès lors une nouvelle compréhension dynamique de la longue genèse de l’institution impériale chrétienne que nous proposons, proche de l’analyse diachronique des actes conciliaires et loin des idées reçues.

Mardi de 11h à 13h (salle 6, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 6 novembre 2012 au 26 février 2013.

 

A LYON

 

Marjorie Burghart, Édition électronique et sources médiévales.
L'objet de ce séminaire est de permettre aux participants de mieux comprendre et maîtriser les problématiques et les technologies de l'édition électronique, avec comme pivot central la question de l'édition de sources (et de corpus de sources) médiévales. L'intervention de spécialistes de divers aspects des Digital Humanities, qu'ils soient médiévistes, éditeurs électroniques ou informaticiens, permettra un échange avec des acteurs immergés dans des entreprises d'édition, dont la réflexion est nourrie par l'expérience et une pratique solide.
Ce séminaire se tiendra à Lyon : trois séances d'initiation, les lundis 2 octobre, 26 novembre et 3 décembre 2012 de 14h à 17h30, en salle de séminaire du CIHAM (14 av Berthelot 69363 Lyon cedex 07), puis des journées d'étude, les 6 et 7 décembre autour du thème de l'édition électronique multimodale (web, ebooks, imprimé, applications...).

 

Jacques Chiffoleau, Jean-Louis Gaulin, Étienne Hubert, Jean-Michel Poisson, Histoire et archéologie de l’Occident méditerranéen au Moyen Âge.
Ce séminaire collectif se propose d’examiner les grandes tendances historiographiques actuelles dans les domaines de l’histoire politique, économique et sociale et de l’archéologie de l’Occident méditerranéen médiéval.
Un mercredi par mois de 14h 30 à 17h 30 (ENS-LSH, 15 parvis René-Descartes 69007 Lyon), les 5 décembre 2012, 6 février, 6 mars, 3 avril, 15 ou 22 mai 2013.

 

Etienne Hubert, Jean-Michel Poisson, Outils et méthodes en archéologie médiévale.
Le séminaire collectif entend fournir une introduction approfondie à quelques-unes des spécialités complémentaires mises en oeuvre en archéologie: céramologie, paléoenvironnement, paléoanthropologie, paléozoologie, géomatique (SIG).
Mercredi
(Institut des sciences de l'homme, 14 av Berthelot 69007 Lyon), Voir programme détaillé

 

Nicolas Payraud, Castellologie et archéologie préventive : méthodes et problématiques actuelles.
Le développement intensif de l'archéologie préventive en France, depuis 2001, a contribué à transformer en profondeur la castellologie. D'un côté, le nombre de châteaux faisant l'objet d'opérations archéologiques est aujourd'hui bien plus important que dans le passé : intégrée – souvent difficilement – dans les projets affectant les sites patrimoniaux, l'archéologie préventive permet d'aborder sous un angle nouveau des châteaux dont l'étude était souvent réservée aux seuls architectes et historiens de l'art. De l'autre, les conditions d'interventions propres à l'archéologie préventive – délais limités, environnement de travail particulier, moyens humains et matériels importants mis en œuvre, etc. – imposent un renouvellement méthodologique permanent, dont les conséquences se font sentir jusque dans la conception de la recherche archéologique au sens large. L'objectif de ce séminaire est de faire le point sur ces diverses évolutions, en proposant à la fois un bilan des apports récents de l'archéologie à la connaissance des châteaux, un panorama des problématiques et enjeux propres à l'archéologie préventive et une initiation aux méthodes spécifiques à cette discipline. Pour ce faire, plusieurs approches seront croisées : synthèses thématiques, études de cas, analyses comparées, etc. L'accent sera mis sur l'état actuel de la recherche archéologique française, inscrite dans son contexte européen.
Deux vendredis par mois à 14 h
(ENS-Lyon, parvis Descartes, 69007 Lyon), du 19 octobre 2012 au 3 mai 2012.

EHESS
CNRS

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EHESS-GAS

96 Bd. Raspail
75006 Paris, France
Tél. : +33 (0)1 53 10 56 53

Dernière modification :
12/10/2017